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Lundis de l'INA

Manquer de classe ? La classe ouvrière à la télévision, histoire d'une disparition

 

Carte blanche à Ludivine Bantigny

 

Captation réalisée le 14 octobre 2019, au Petit auditorium de la BnF.

 

Le monde ouvrier et la précarité au travail sont aujourd'hui globalement occultés dans le paysage télévisé. L'écart de représentation y est considérable entre les catégories sociales : les cadres y sont quinze fois plus présents que les ouvriers, et sept fois plus qu'ils ne le devraient si le temps d'antenne était réparti en fonction de leur part dans la population. Une telle représentation déforme les contours de la société et masque la violence des inégalités.

Ce "lundi de l'INA" propose de redonner vie et parole à cette "classe ouvrière" qu'on a crue disparue. Il s'agit ici de la voir et de l'entendre dans les interstices que lui ont laissés les images télévisées : dans son travail, son existence ordinaire, ses résistances et ses luttes pour la dignité.

 

Ludivine Bantigny est historienne, maîtresse de conférences à l’université de Rouen. Elle étudie l’histoire des conditions de travail, des rapports sociaux et des engagements politiques. Elle s’intéresse aussi aux liens possibles entre histoire, littérature et psychanalyse, ainsi qu’à l’histoire des rapports au temps. Parmi ses publications figurent 1968, de grands soirs en petits matins (Seuil, 2018), La France à l’heure du mondeDe 1981 à nos jours (Seuil, 2019), Révolution (Anamosa, 2019) et L’OEuvre du tempsMémoire, histoire, engagement (Editions de la Sorbonne, 2019).

Clés à mémoire

En première partie,  Michaël Courmont, documentaliste audiovisuel, présente un fonds d'archives en cours de traitement, le Fonds Canson / Bernard Ganne / Jean-Paul Pennard.

Bernard Ganne, directeur de recherche émérite au CNRS, et Jean-Paul Pénard, réalisateur, ont filmé l’évolution de l’entreprise de papier Canson à Annonay, de 1987 à 2002.

 

  

 

260 heures de rushes rendent compte de la transformation des techniques industrielles, du management et des conditions de travail des salariés. De l’abandon progressif du site historique de Vidalon à l’affirmation du groupe dans une économie mondialisée, de nombreuses séquences illustrent la modernisation progressive des outils industriels jusqu’à l’implantation en Chine de nouveaux organes de production. Les interviews de salariés, ouvriers retraités, cadres et dirigeants donnent corps et éclairent les grands tournants de cette mutation émaillée de conflits sociaux.

Ces rushes ont été utilisés pour produire plusieurs films scientifiques tels que Filigranes, Rumeurs d’ateliers : vous avez dit flexibleAppartenances et Ça déménage, qui seront à terme consultables dans les centres de consutlation INAthèque.